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ACIM pour tous !

vendredi 4 août 2017, par Ghislaine Bergeroô

ACIM pour tous !

Année scolaire 2013/2014 : Les difficultés comportementales prédominantes et envahissantes de deux classes " banales " de CE2 posent problèmes. L’hétérogénéité des niveaux, banale pourtant elle aussi, ainsi que la démotivation générale, ne semblent plus gérables.
L’expérimentation de la démarche ACIM en atelier par demi groupe pour ces 2 classes de CE2, est donc proposée en vue de participer à la restauration d’un climat de travail apaisé et d’une dynamique de groupe favorable à l’apprentissage collectif. Le travail est effectué entre octobre 2013 et mars 2014, réparti en 6 séances d’1 heure pour chaque demi classe.

Sécurisés par le cadre de travail, et motivés par la curiosité du large champ de possibles explicitement promis grâce à cette médiation, les élèves ont fait l’expérience d’un partage, certes pédagogique mais toutefois inhabituel, pouvant accueillir les difficultés liées à des problématiques individuelles tout en favorisant cependant, pour tous, une avancée comportementale et/ou cognitive.

La démarche, centrée sur l’exploration de planches mathématiques complexes, choisies en adéquation et conformément aux programmes, a parallèlement pu redonner confiance aux élèves quant à leurs capacités à accéder à de nouveaux savoirs et à progresser au sein de leur classe.

Quelles que soient les différences et les besoins prioritaires de chacun, les élèves rassemblés autour de l’exploration de ce support ont progressivement perçu qu’ils avaient à y gagner, et non plus perdre, d’un point de vue individuel, et ce grâce au groupe et aux interactions partagées.
La nécessité et l’intérêt d’une prise en compte respectueuse de la parole d’autrui ont coulé de source, les règles de travail ont retrouvé leur sens.
Les prises de conscience ont été progressivement ressenties comme primordiales, la verbalisation exercée par certains a servi de guide intériorisé pour d’autres.
Motivation, auto-évaluation et "auto-remédiation" ont été positivement ré-activées.
Les compétences transversales, langagières et mathématiques ont pu être à nouveau mobilisées, au service de l’acte d’apprendre, ensemble !

L’expérience, tant du côté des élèves que des enseignants, a connu un vif succès. Les bénéfices individuels et collectifs, remarquables et remarqués, ont favorisé un transfert de compétences que les enseignants ont relayé.

Année scolaire 2016/2017 : Ce sont cette fois les difficultés prédominantes d’activation de la pensée d’un ensemble d’élèves en classe de CE2 qui posent problèmes et ralentissent leurs apprentissages. Face au découragement et à l’abandon d’un grand nombre d’élèves devenus très passifs, les pratiques pédagogiques habituelles s’avèrent peu efficaces pour y remédier collectivement.
L’expérimentation ACIM pour 2 groupes de 15 élèves, et en présence de leur enseignant, a donc été proposée en vue de participer à la restauration d’une dynamique de groupe qui prenne appui sur la mise en pensée de chacun, et favorise l’acte d’apprendre. Le travail a eu lieu entre janvier et juin 2017, chaque groupe ayant ainsi bénéficié de 6 séances d’1 heure.

Déstabilisés par l’invitation à observer puis à dire, consignes préalables, au regard de la complexité de la première planche proposée, mais sécurisés par le cadre de travail et par le large champ de possibles offert par cette médiation mathématique conforme au programme, les élèves ont fait l’expérience de situation-problème partagée prenant en compte la mise en pensée de chacun quel que soit son niveau de connaissances et de compétences, et au service d’une avancée de tous.

La démarche a progressivement restauré le droit à la participation orale d’une majeure partie d’élèves qui ne se croyaient plus capables de prise de parole à bon escient vers de nouveaux savoirs, et a offert aux quelques autres, plus performants scolairement parlant, des situations d’apprentissage où le partage des points de vue et les tentatives d’explicitation orale ont témoigné du fait qu’ils pouvaient, eux aussi, renforcer leur progression. Ainsi, quels que soient les différences et les besoins prioritaires de chacun, les élèves ont pu faire l’expérience d’appropriations individuelles grâce aux interactions au sein du groupe.
Les prises de conscience tant individuelles que collectives ont stimulé l’acte d’apprendre : observer, réfléchir, s’exercer à dire pour partager, s’écouter mutuellement, être confronté à des obstacles, accueillir et surmonter l’inconfort des phases d’incompréhension intermédiaire, reconsidérer le statut de l’erreur, faire preuve de respect (de modestie) et de bienveillance, progresser avec et grâce aux interactions entre pairs, ont ainsi fait leur preuve.
Auto-évaluation et "auto-remédiation" ont émergé, au fil des séances, comme étant profitables.
Les planches extraites de "Faites des Maths", aux Éditions Jocatop, ont été utilisées ici pour ré-amorcer une dynamique de recherche active et collective vers de nouveaux savoirs, et pour favoriser l’appropriation de connaissances en cours d’acquisition.
Les compétences transversales, langagières et mathématiques, ont été dès lors mobilisées pour penser, dire et donc apprendre, tous ensemble !

L’expérience, tant du côté des élèves que des enseignants, a été appréciée. Les bénéfices individuels et collectifs, remarquables et remarqués cette fois encore, ont favorisé un transfert de compétences sur lequel l’enseignant a pu prendre appui dans sa pratique pédagogique.

Ghislaine Bergeroô, juillet 2017