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le Conte

dimanche 8 janvier 2006, par Henri Planchon

Un exemple de modélisation algorithmique :

la modélisation-conte pour enfants

Pour télécharger la modélisation ainsi que le texte ci-dessous, cliquer sur la vignette PDF située à la fin de l’article

La planche ci-dessus est le schéma d’un conte. Sur ce schéma, cette modélisation, on peut découvrir des chemins fléchés sur lesquels se déplacent des personnages représentés par des figures géométriques, un rond et un carré. On y trouve aussi six zones, carrés et rectangle : une zone hachurée, une zone quadrillée, une zone vide en haut à gauche que nous nommerons A, en haut à droite la zone B contenant le rond, au-dessous de A la zone C, au-dessous de C la zone D, rectangle en bas à gauche, dont les longueurs sont verticales et les largeurs horizontales.

Si on prend comme point de départ la zone hachurée (seule zone d’où ne sort qu’une seule flèche), on peut dire que sortent ensemble (reliés par une accolade) un rond et un carré. Le carré se dirige vers la zone en haut à droite (repérée par une couleur ou un signe, nous la nommons B) ; bien noter que le carré se dirige vers B, n’y arrive pas, fait demi-tour et repasse devant la zone hachurée où il rencontre le triangle noir ; le triangle noir transforme le carré en carré-barré. Ensembles le triangle et le carré-barré suivent un chemin qui passe devant la zone D (zone rectangulaire en bas à gauche dont la longueur est verticale), puis pénètrent dans la zone quadrillée (en bas à droite) où ils disparaissent. A ce moment, une rupture survient, un problème se pose. Au vu du schéma, on peut lire que de la zone quadrillée sortent ensemble un rond et le carré-non-barré, il faut donc, en toute logique, que le rond soit entré dans la zone quadrillée et que le carré-barré se soit transformé en carré-non-barré à l’intérieur de cette zone. Il convient donc de revenir au point de départ et observer le chemin que parcourt le rond. Donc, en revenant au point de départ, on peut lire que de la zone hachurée sortent ensemble un rond et un carré, le rond se dirige maintenant vers la zone C, il y entre et en ressort, passe devant la zone A (en haut à gauche) il entre dans la zone B, en ressort et la contourne, passe derrière A, derrière D, contourne la zone quadrillée puis la zone hachurée, passe devant la zone D où il rencontre trois losanges. Il les quitte et pénètre dans la zone quadrillée. Là, se passe un événement qui intéresse trois personnages : le carré-barré, le triangle noir et le rond. Le résultat de cette rencontre fait que le carré se retrouve non-barré lorsqu’il sort de la zone quadrillée accompagné du rond. Dès leur sortie, ils retrouvent les trois losanges, les quittent et poursuivent leur route jusqu’à l’intérieur de la zone C où l’histoire se termine. Ce long discours lentement suivi par les auditeurs sur la planche leur permet d’approcher la perception globale de l’organisation du schéma.
A la suite de cette activité de décodage, les participants sont à même de faire appel à leur imagination pour donner une consistance et un sens à cette "écriture", cela en relation avec une certaine réalité attachée au vécu, à la mémoire et aux représentations imaginaires de chacun.

Cette activité qui peut se conclure par un moment d’activité physique (déplacements des participants suivant les chemins du schéma tracés au sol) permet d’aborder les notions de durée de trajets, de succession et de simultanéité, de synchronisation des déplacements, de rencontres, ...

Ainsi une modélisation peut devenir la traduction, la représentation d’une histoire, d’un conte, tout comme elle peut visualiser une démarche de réalisation matérielle, un processus de fabrication et être une l’aide à la passation de connaissances, de concepts.


Un exemple de conte pour enfants,
en application de cette modélisation

LA SORCIÈRE DE LA RUE CADET-POINT

La correspondance avec la modélisation ne commence pas avec le début de l’histoire. Elle est signalée plus loin

Dans un quartier de la ville de NULLE PART, vivait une affreuse Sorcière, aux doigts crochus, aux cheveux fourchus et aux dents pointues. Elle habitait dans l’égout de la rue CADET-POINT. Très vieille et malade, elle n’avait le droit de manger que des légumes bouillis dans l’eau de l’égout, légumes qu’elle trouvait soit dans l’égout, soit au marché de la ville de Nulle Part.

Mais pour garder ses pouvoirs magiques, elle devait manger de la viande. Alors, elle en mangeait une seule fois par an et en grosse quantité bien bouillie dans l’eau de l’égout de la rue CADET-POINT.

Encore fallait-il que ce jour là, la viande fût bien tendre et qu’il s’agît de la chair d’un petit garçon ou d’une petite fille bien DODUS. Et encore fallait-il que ce jour-là, cette petite fille ou ce petit garçon eût désobéi une fois et dit un gros mot, pour que la sorcière puisse l’attraper.

La période du repas annuel de la sorcière allait bientôt arriver... et elle se répétait sans cesse :

  QUI ES-TU ENFANT DODU ?
  QUI ES-TU ENFANT DODU QUI DÉSOBÉIT , QUI DIT DES GROS MOTS ?
  QUE JE TE METTE À BOUILLIR AUX PETITS LÉGUMES !

Or, vivaient dans la ville de NULLE PART, deux enfants : une petite fille qui s’appelait ZOC et un petit garçon, son frère, qui s’appelait BUBU. Ils habitaient dans une maison bleue dans la rue QU’A DES VAGUES.

Un jour, de bon matin, la mère de ZOC et BUBU dit à ses enfants :

  À QUATRE HEURES ET DEMIE, À LA SORTIE DE L’ÉCOLE
VOUS RENTREREZ DIRECTEMENT À LA MAISON.
VOUS GOUTEREZ, IL Y A CE QU’IL FAUT DANS LE FRIGO,
ET SURTOUT, PAS DE BÊTISES !

MAIS OUI ! répondirent les deux enfants en soupirant. Et ils partirent à l’école.

La journée passa...

À quatre heures et demie, à la sortie de l’école, la maîtresse rappelle à tous les enfants que pèse sur la ville la menace de la sorcière et qu’ils doivent immédiatement rentrer chez eux. Elle dit :

  LE MEILLEUR MOYEN D’ÉCHAPPER À LA SORCIÈRE
EST DE NE PAS DÉSOBÉIR ET DE NE PAS DIRE DE GROS MOTS
À MOINS DE POSSEDER LA POUDRE MAGIQUE APPELÉE
LE CHOCOLATINA
Peut-être ne savez-vous pas que le CHOCOLATINA est une poudre chocolatée que les enfants ne peuvent s’empêcher de manger tellement elle est succulente et qui, jetée dans les yeux des sorcières, les aveugle et les tue. La maîtresse dit enfin :

  L’ENFANT QUI SERA CAPABLE DE SE PROCURER CETTE POUDRE CHEZ LA BOULANGERE ET DE LA GARDER POURRA PROTÉGER LES ENFANTS DU QUARTIER ET TUER LA SORCIÈRE.

Tous les enfants étaient très inquiets, ils ne s’accordaient qu’une désobéissance par jour ou qu’un gros mot ou rien du tout mais jamais les deux.
Quant au moyen de garder le CHOCOLATINA, c’était un grave problème.

PICA qui était le copain de ZOC et BUBU avait essayé, il était allé acheter de cette poudre magique à la boulangerie, mais il avait été incapable d’en garder, il avait tout mangé, tellement le CHOCOLATINA EST UNE POUDRE SUCCULENTE !

Ce jour-là, abandonnant l’idée de se procurer du CHOCOLATINA, PICA proposa à BUBU et à ZOC de venir jouer dans sa maison (qui est juste en face de celle des deux enfants). BUBU dit alors à ZOC :

  MOI JE M’ACCORDE UNE DÉSOBÉISSANCE, JE VAIS CHEZ PICA, ET TOI ZOC, TU RENTRES DIRECTEMENT À LA MAISON, COMME MAMAN L’A DIT.

Ainsi, ils se séparèrent...

Pendant ce temps, la Sorcière, qui se tenait cachée près de l’école, entendit les enfants, regarda BUBU et se dit :

  N’EST-IL PAS DODU CE BUBU ! OH QUE SI !
  NE VA-T-IL PAS DÉSOBÉIR ? OH QUE SI !
  N’A-T-IL PAS DIT DES GROS MOTS ? OH QUE NON !
  ALORS, JE NE PEUX PAS LE PRENDRE CE GREDIN ! CROTTE DE BUBU !

Et elle s’en alla, faute de pouvoir se mettre un enfant DODU sous ses dents pointues, chercher quelques légumes pour son repas du soir, au marché de la ville de NULLE PART.

Et maussade, elle maugréait :

  QUI ES-TU ENFANT DODU ?
  QUI DÉSOBÉIT, QUI DIT DES GROS MOTS
  QUE JE TE METTE À BOUILLIR AUX PETITS LÉGUMES.

Tout cela, avant de rentrer dans son égout de la rue CADET POINT, par la plaque qui est juste au croisement avec la rue de la LIGNE BRISÉE.

Comme vous le savez, tous les enfants de la ville de NULLE PART étaient très tentés par le chocolat. La Sorcière savait cela. Pendant la nuit, elle décida que le lendemain elle tiendrait, juste devant l’école, sur son tabouret crasseux, un comptoir de chocolat noir.

Le lendemain matin, la mère de ZOC et BUBU recommanda à ses enfants de rentrer directement à la maison après avoir acheté le pain.
A la sortie de l’école, la maîtresse, une fois de plus, rappela aux enfants qu’ils ne devaient ni désobéir ni dire de gros mots, sous peine de devenir la proie de l’horrible Sorcière.

(début de la correspondance avec la modélisation)

Comme la veille, BUBU dit à ZOC de rentrer directement à la maison. Ainsi, ils se séparèrent. ZOC, elle, se dirigea vers la maison et BUBU, lui, se dirigea vers la boulangerie pour aller chercher le pain. Soudain, BUBU fit demi-tour pour aller en direction de l’attroupement qui s’était formé en face de l’école, autour d’une vieille femme qui vendait du chocolat. Comme tous les enfants, incapable de résister au chocolat, BUBU acheta, avec les trois Euros du pain, le maximum de tablettes de chocolat noir. Pendant que la Sorcière, car c’était elle, avait le dos tourné, pour chercher au fond de son sac un bout de papier journal tout huileux afin d’emballer les tablettes que BUBU lui avait achetées, le petit garçon, lui dévora tout ce qu’il put et enfourna dans ses poches tout ce qui restait comme chocolat sur le tabouret de la fausse marchande.

Quand elle eut enfin trouvé le papier d’emballage, la Sorcière se retourna et elle vit que son tabouret était vide. Elle regarda BUBU d’un air féroce et elle lui demanda :

  AH, BRIGAND, QU’AS-TU FAIT ?

BUBU, la bouche pleine, répondit :

  J’AI TOUT MANGÉ, MADAME, QU’IL EST BON VOTRE CHO-CO-.

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que la Sorcière, saisissant son gros sac de jute puant, l’enferma avec son chocolat en un tour de main en hurlant :

  OH, JE TE TIENS, BUBU DODU ! QUI DÉSOBÉIT ET DIT DES GROS MOTS !
  QUE JE TE METTE À BOUILLIR AUX PETITS LEGUMES DANS L’ÉGOUT DE LA RUE CADET POINT !

La voix de la Sorcière était à ce moment-là tellement terrible que tous les enfants et tous les passants du quartier furent effrayés et partirent en courant dans leur maison.

La Sorcière prit alors le sac, avec BUBU dedans, sur l’épaule droite, son tabouret crasseux sur l’épaule gauche, et partit en direction de l’égout de la rue CADET POINT.
Et BUBU hurlait et BUBU essayait de se débattre dans le sac, mais il avait la tête à l’envers et il ne pouvait plus respirer tellement la Sorcière le serrait fort afin qu’il ne se sauvât pas.

Bientôt, malade de peur et de fatigue, il se tint tranquille et il se tut.

Quand la Sorcière passa devant le marché de la ville de NULLE-PART, il l’entendit se moquer des marchands. Elle leur criait :

  CE SOIR, J’AI DE QUOI ACCOMPAGNER MES PETITS LÉGUMES, J’AI ATTRAPÉ UN ENFANT DODU QUI DÉSOBÉISSAIT ET QUI DIT DES GROS MOTS !

Quand elle arriva à son égout, l’horrible vieille femme dit à BUBU, d’une voix sinistre :

  NOUS VOILA ARRIVÉS, CHÉRI BUBU DODU. PRÉPARE-TOI À LA DESCENTE, ELLE SERA DOULOUREUSE !

En effet, pour descendre dans l’égout, la Sorcière était bien chargée : le tabouret dans la main gauche et BUBU dans le sac sur l’épaule droite.
Pour passer la bouche d’égout et le goulet, elle devait écraser BUBU contre les parois et lui, le pauvre, gémissait :

  MADAME LA SORCIÈRE, JE VOUS EN PRIE, NE M’ÉCRASEZ PAS !

Et la Sorcière de lui répondre méchamment :

  MAIS TU N’ES BON QU’À ÊTRE ECRASÉ, BUBU DODU QUI DÉSOBÉIT ET QUI DIT DES GROS MOTS, JE T’ÉCRASERAI SI JE LE VEUX !

Quand elle arriva en bas dans l’égout sombre, putride et nauséabond, elle marcha un peu, en soufflant comme une forge et... soudain, elle lâcha le sac (avec BUBU dedans) devant la porte de son antre, mais avec une telle violence que BUBU poussa un cri de douleur si terrible que tout l’égout en résonna longtemps.

Alors la monstrueuse Sorcière introduisit une lourde clé noire dans la serrure. Elle tourna trois fois la clé dans la serrure : "CRIAC-CRIAC-CRIAC", et poussa la porte. En s’ouvrant, la porte fit entendre un grincement gigantesque qui fit vibrer les parois suantes de l’égout. Elle poussa le sac, avec BUBU dedans, en le faisant rouler avec le pied et elle se mit en devoir de préparer un feu bien nourri sous le chaudron noir. Elle ramassa, à la hâte, brindilles, branches et bûches, y mit le feu et versa à grands flots, dans le chaudron, l’eau de l’égout.

Dans l’antre de la Sorcière, régnait une odeur de pourriture infecte. Sur les murs noircis, s’écaillaient de vieux serpents et, près de son grabat, s’égayait une colonie de crapauds baveurs enfermés dans un aquarium.
Sinistre décor que BUBU découvrit quand la Sorcière se décida à le faire sortir du sac.

Alors, elle ouvrit le sac, saisit brutalement BUBU par les épaules et ligota solidement ses poignets et ses chevilles avec une ficelle afin qu’il ne se sauvât pas. Très en colère, elle se disait à haute voix :

  COMME JE SUIS MALADE, IL M’EST INTERDIT DE MANGER DU CHOCOLAT ET COMME CE PETIT BUBU DODU EN À MANGÉ BEAUCOUP, IL EN A PLEIN LE VENTRE.
  IL VA ME FALLOIR ATTENDRE QUE SA DIGESTION SOIT FAITE ET BIEN FAITE, AVANT DE LE METTRE À BOUILLIR AUX PETITS LEGUMES !

Elle se lamentait :

  IL VA ME FALLOIR ATTENDRE QUE SA DIGESTION SOIT FAITE ET BIEN FAITE !

BUBU terrorisé, pensait qu’il avait eu une bonne idée, sauf pour son mal de ventre, d’avaler autant de chocolat noir. Tandis que la Sorcière s’agitait autour du chaudron bouillant, en y jetant des petits légumes, le malin BUBU, usant des quelques forces que son mal de ventre lui laissait, avait réussi à délier les nœuds qui entravaient ses mains. Et, sans éveiller les soupçons de la Sorcière, il continuait à manger, en cachette, les tablettes de chocolat qu’il lui avait volées et qu’il avait cachées dans ses poches.
En conséquence, il reculait le moment de la digestion...
... Et la Sorcière toujours maugréait :

  IL VA ME FALLOIR ATTENDRE QUE SA DIGESTION SOIT FAITE ET BIEN FAITE !

Mais bientôt les poches de BUBU furent vides de chocolat.
Pendant ce temps, un épais nuage de terreur s’était abattu sur tout ce quartier de la ville.

ZOC, la sœur de BUBU était seule à la maison et elle commençait à être très inquiète pour son frère parce qu’il y avait une heure qu’elle l’avait quitté devant la porte de l’école...Elle se demandait s’il fallait qu’elle aille le chercher dans le quartier (et alors elle désobéirait à ses parents) ou s’il fallait qu’elle reste à la maison.

Dans le doute, elle appela PICA, vous savez le copain qui n’avait pas pu s’empêcher de manger le CHOCOLATINA !
Par la fenêtre, elle lui demanda :

  EH ! EH ! PICA ! TU N’AS PAS VU BUBU ?
  JE SUIS INQUIÈTE ET JE ME DEMANDE SI JE NE DOIS PAS PARTIR À SA RECHERCHE.

PICA lui répondit :

  NON, JE NE SAIS PAS OÙ IL EST. EN TOUT CAS, TOI, ZOC, SI TU PARS À SA RECHERCHE N’OUBLIE PAS QUE TU NE DOIS PAS DIRE DE GROS MOTS, SINON TU SERAS EN GRAND DANGER !

ZOC décida alors de partir, non sans avoir demandé à PICA d’alerter les parents dès leur arrivée.

Elle se dirigea, bouche cousue (pour qu’aucun gros mot n’en sorte), vers la boulangerie. Elle pensait que son frère y serait peut-être encore puisqu’il devait y aller chercher le pain. Elle arriva à la boulangerie et dit à VALENTINE, la boulangère :

  MADAME, MON FRÈRE A DISPARU, L’AVEZ-VOUS VU ?

VALENTINE répondit :

  NON, MA PAUVRE ENFANT. ALORS, S’IL A DISPARU, IL FAUT TOUT CRAINDRE DE LA SORCIÈRE !

ZOC, courageuse, dit alors à VALENTINE :

  SI C’EST UN TOUR DE LA SORCIÈRE, IL ME FAUT DU CHOCOLATINA POUR PROTEGER LES ENFANTS DU QUARTIER ET TUER LA SORCIÈRE !
  N’AVEZ-VOUS PAS DU CHOCOLATINA ?

VALENTINE, qui était la plus gentille des boulangères de toute la terre lui répondit :

  TU VAS COMBATTRE LA SORCIÈRE, ALORS :
  TIENS CE GROS PAQUET DE CHOCOLATINA, TOUT LE QUARTIER TU POUDRERAS, ET QUAND DANS L’ANTRE TU PÉNÉTRERAS, EN SAUPOUDRANT LA FACE DE L’HORRIBLE SORCIÈRE, TU DIRAS : CHO-CHO-CO-CO-LA-LA-TI-TI-NA-NA.
  ET ELLE MOURRA !

ZOC prit le paquet, fit le tour du quartier en courant, par la rue QU’A DES VAGUES et par la rue ATTRAIT tout en poudrant les trottoirs de CHOCOLATINA et elle allait s’engager dans la rue de la LIGNE BRISEE quand elle fut interpellée par trois ouvriers égoutiers qui faisaient une ronde. Ils avaient été appelés d’urgence par les habitants qui avaient senti une drôle d’odeur de cuisson en provenance de l’égout de la rue CADET POINT.

Le premier ouvrier dit à ZOC :

  QUE FAIS-TU ICI, DANS LA VILLE DÉSERTE : ET QU’EST-CE DONC CE PAQUET QUE TU PORTES SOUS LE BRAS ?
  COMMENT T’APPELLES-TU ?

ZOC qui avait du mal à retrouver sa respiration, tellement elle avait couru, répondit :

  JE M’APPELLE ZOC, MON FRÈRE A DISPARU, C’EST SÛREMENT LA SORCIÈRE QUI L’A PRIS. LÀ, J’AI DE LA POUDRE MAGIQUE, DU CHOCOLATINA QUI EST SUCCULENT POUR LES ENFANTS ET QUI, JETÉ DANS LES YEUX DES SORCIÈRES, LES AVEUGLE ET LES TUE. NE SAVEZ-VOUS PAS OÙ SE TROUVE L’ANTRE DE LA SORCIÈRE ?

  FILLETTE,

répondit le deuxième ouvrier,

  IL NOUS SEMBLE QUE LA SORCIÈRE A ÉLU DOMICILE DANS
L’ÉGOUT DE LA RUE CADET POINT. REGARDE LÀ-BAS, NE VOIS-TU PAS UNE ÉPAISSE FUMÉE S’ÉLEVER DE LA PLAQUE AU CROISEMENT DE LA RUE CADET POINT ET DE LA RUE DE LA LIGNE BRISÉE ?

ZOC, de plus en plus inquiète, suggéra alors aux ouvriers :

  PEUT-ÊTRE POURRIEZ-VOUS M’AIDER ? MOI QUI DÉTIENS LE MOYEN DE LA TUER !

Le troisième ouvrier, qui n’avait encore rien dit, proposa un plan de bataille :

  ZOC, TU NE POURRAS, TOUTE SEULE, DÉLOGER LA SORCIÈRE DE SON ANTRE. NOUS LES EGOUTIERS, NOUS ALLONS PROVOQUER UNE INONDATION EN FAISANT MONTER L’EAU DANS L’ANTRE DE LA SORCIERE AFIN QU’ELLE SOIT OBLIGÉE D’EN OUVRIR LA PORTE. MAIS IL TE FAUDRA CHAUSSER NOS GRANDES BOTTES D’ÉGOUTIERS POUR POUVOIR MARCHER SANS TE MOUILLER ET METTRE SUR TA TETE NOTRE CASQUE À LAMPE POUR POUVOIR TE DIRIGER DANS L’OBSCURITÉ. ENSUITE, TU POURRAS EN FINIR AVEC CETTE MÉCHANTE FEMME.

Aussitôt dit, aussitôt fait, les ouvriers partirent vers le marché où étaient situés les robinets des égouts, et ZOC, elle, casquée et bottée jusqu’à la taille, partit vers la plaque à demi béante de l’égout de la rue CADET POINT.

ZOC alluma la petite lampe de son casque, elle marcha lentement dans la nuit et, devant la plaque d’où sortait une fumée épaisse et âcre, là, ne respirant plus et serrant bien fort son paquet de CHOCOLATINA, elle commença à descendre prudemment dans l’égout.

Arrivée en bas, l’eau avait déjà monté d’une incroyable façon !
Heureusement que les ouvriers lui avaient prêté des bottes spéciales !
Lorsque soudain elle entendit des cris, des vociférations qui provenaient d’un couloir :

  OH LÀ LÀ ! QU’EST-CE QUE CELA VEUT DIRE, TOUTE CETTE EAU QUI MONTE ?

ZOC reconnut sans mal la voix de la Sorcière et elle se précipita vers l’endroit d’où venait la voix et qui devait être l’antre de la méchante femme.
Grâce à sa petite lampe ZOC trouva la porte et elle se tint cachée juste derrière.

Pendant ce temps, à l’intérieur, BUBU, terrorisé, n’osait plus dire un mot, ni même pleurer, ni même demander du secours. Et le niveau de l’eau montait, et le niveau de l’eau montait dans l’égout de la rue CADET POINT.

Quand, n’en pouvant plus et craignant pour ses jours, l’eau étant arrivée à la hauteur de sa taille, la Sorcière dit à BUBU :

  ET TOI, GARNEMENT, NE BOUGE PAS, JE VAIS ALLER VOIR CE QUI SE PASSE DANS L’ÉGOUT !

La Sorcière, alors, ouvrit la porte de son antre.
Au même moment, ZOC, qui était cachée derrière la porte, lui jeta de la poudre aux yeux, en disant :

  CHO-CHO-CO-CO-LA-LA-TI-TI-NA-NA

Aveuglée, la Sorcière, à reculons, tomba dans son chaudron bouillonnant et mourut sur l’instant.

Il resta à ZOC à détacher rapidement les liens qui entravaient les chevilles de son frère et ils sortirent ensemble de l’égout de la rue CADET POINT.

La Sorcière était morte et bien morte.


pour télécharger la modélisation ainsi que le texte ci-dessus, cliquer sur la vignette PDF :

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